Les plateaux de télévision doivent-ils être des poudrières ?

Si certains, de part et d'autre de la caméra, se délectent des jeux de massacre entre invités et journalistes dans des émissions où seul l'audimat compte, d'autres se targuent de nous tenir informés des sujets les plus controversés et surtout d'analyser pour nous les dires et attitudes des protagonistes qui font l'objet de leur attention.

S'il est compréhensible que durant un échange d'idées ou encore de programme électoral, le journaliste n'intervienne que pour poser des questions ou recadrer le débat, il est difficile d'accepter que ce dernier fasse de plus en plus souvent les questions et les réponses et coupent constamment les intervenants. Il y a des moments où on se demande si un monologue face à des poupées ne serait pas moins stressant pour les téléspectateurs. Néanmoins, certains vieux dinosaures parviennent à échapper à cet agaçant spectacle alors que ces derniers sont les champions du tourner-en-rond et des litanies qui ne mènent à rien. A nouveau, les merveilleux paradoxes.

Ce qui par contre est improductif et même délétère est lorsque des personnes sont invitées pour s'expliquer sur un sujet qui fait polémique, qui heurte la société et que l'on entende seulement la version de chacun, parfois au travers de cris et d'une cacophonie assourdissante. Tout ce que l'on souhaite est écrit dans la presse, tout se dit sur les réseaux sociaux. Le but de l'émission est bien de clarifier la situation. Il serait donc plus que logique que la personne qui organise la confrontation soit au fait du dossier et puisse confirmer ou infirmer les dires de l'un ou l'autre des "adversaires". Ce n'est pas prendre parti. C'est permettre aux citoyens/spectateurs de collecter des informations précises qui ne sont pas à leur disposition peut-être ou méconnues, pas claires. L'échange prendrait une autre orientation et deviendrait plus intéressant, plus crédible aussi.
Laisser divaguer les uns et les autres et puis terminer en disant "chacun se fera son opinion", est la chose la plus stupide et la moins productive que l'on puisse entendre.

J'avais déjà émis cette réflexion à l'occasion de certains débats politiques sur des sujets bien précis où les journalistes devraient intervenir, non pas pour répondre à la place des invités ou pour les couper dans leur élan (car il semble que le plus important ne soit plus pas la qualité de la réponse mais que toutes les questions de la petite liste soient posées) mais parce qu'ils ont fait leur travail d'investigation et qu'ils sont à même de pouvoir garantir à leur audience la véracité des informations. A partir de là, chacun se fera son opinion.

Quel est le rôle d'une certaine catégorie de journalistes de nos jours? Sont-ils tous façonnés dans le même moule ou doivent-ils se conformer à des diktats qui leur font oublier le pourquoi du choix initial de leur métier? Peut-on encore nommer "journalistes" ceux qui veulent briller sous les spots ou non plus observer certaines règles pour bénéficier d'informations auprès du monde politique mais de se plier à des rites immuables et les mettre sur le même pied que ceux qui se souviennent du prix des informations et de la liberté. (Et déjà toute une embrouille à démêler concernant Reporters sans frontières).

Qui ment à qui? Quelle est la plus grande trahison? La promesse faite à soi ou à l'autre?

Magy Craft








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