Quand urgence ne rime pas avec cohérence

Nous ne nous habituerons jamais, et nous ne le voulons pas, à l'incohérence et aux inepties de certains acteurs de notre société. La société humaine foisonne d'aberrations, de contradictions telles que nous tournons vraiment carré.

Aujourd'hui, partons en Belgique où un cas concret a de quoi nous faire craindre le pire quant à la santé de la logique de ceux qui décident et de ceux qui acceptent certaines décisions. Le cas qui sera exposé, aussi simple pourra-t-il sembler, est plus complexe qu'on ne le croit et à des répercussions au niveau de la politique globale de l'Union européenne qui décidément à intérêt à ce que chaque pays membre se persuade enfin à collaborer afin d'éviter des conséquences néfastes tant dans leur propre pays que dans toute l'Union.

En Belgique, comme dans les autres pays de l'UE, les économies sont à la mode afin de satisfaire une remise en équilibre virtuelle d'un budget et de dettes mis à mal par une crise toute aussi virtuelle. Nous savons tous qu'il y a un autre moyen de parvenir à nos fins mais ceci est un autre chapitre. Donc, les coupes dans certains postes sont nécessaires notamment dans celui de la santé. Il nous semble que d'autres postes seraient plus intéressants à amputer ainsi qu'une meilleure gestion globale avec une remise à plat de tout le système et ses "ramifications", mais bien.

C'est dans l'optique actuelle que le poste Santé a subi de nombreuses modifications. Ce qui nous concerne dans cet article est la logique alors parlons-en. Pour faire des économies, l'Etat a considérablement diminué le montant accordé au service de garde. Ce service aux patients est primordial tant au niveau de la qualité des soins et du suivi des patients mais aussi et surtout cela évite au service des urgences des hôpitaux d'être envahi par des cas qui ne relèvent pas de l'urgence et qui engorgent le service. On sait aussi que le service des urgences manque de personnel. On connait bien les interminables heures d'attente avant que l'on soit vu par un médecin. Si certains hôpitaux ont amélioré le système de "tri" à l'entrée, une fois passé le sas et mis dans une salle obscure, l'attente est tout aussi longue.
Ce même service des urgences voit défiler des patients qui ne relèvent pas de ses prestations mais qui pour éviter de payer un médecin de garde ou même une consultation de jour se rendent dans ce département pour bénéficier de sa gratuité, au détriment des cas pertinents. Les services de garde étant maintenant mis à mal, les patients qui n'abusaient pas du service des urgences s'y rendront dorénavant.
Et c'est là que la situation devient délirante car maintenant les urgentistes devront passer un examen particulier. Rien de bizarre jusqu'ici. Non, rien si cela ne devait s'appliquer qu'aux "nouveaux " et si l'examen était "normal". Or, que se passe-t-il dans la réalité et qui va considérablement détériorer un service déjà à bout de souffle et exténuer davantage (si c'est encore possible) le personnel en place avec le risque d'erreurs et autres problèmes liés à une surcharge de travail? L'examen s'applique à tous même aux urgentistes travaillant dans le service depuis des années. Que ces professionnels soient médecins, anesthésistes, psychiatre etc.... et qu'ils ont fait don de leur temps pendant une ou plusieurs années aux urgences ou pas, ils devront passer l'examen.

Cet examen est particulier puisque d'abord il est en anglais et que deuxièmement il porte sur des questions peu pertinentes par rapport au sujet. Pourquoi en anglais? parce qu'il est identique pour différents pays de l'UE et pourquoi peu pertinent? ça on ne sait pas.
Ce qui est bizarre c'est que dans un climat peu pro européen où les politiques égoïstes des Etats membres nous mènent à une atmosphère de tous les extrêmes, on se trouve soudainement avec un examen européen. Si l'idée est bonne, on pourrait au moins le faire traduire dans la langue de chaque pays et faire des questions pertinentes et non dans la langue du pays qui vient de quitter le navire. Si l'anglais ne pose sans doute aucun problème aux médecins et spécialistes, le service des urgences demande d'autres qualifiés qui passeraient l'examen avec plus de facilité dans leur langue maternelle. Ce problème se posera probablement dans le futur, alors pourquoi ne pas prévenir au lieu de guérir?
Autre ineptie, faire passer l'examen aux professionnels à qui on a fait confiance pendant des années. On ne sera pas surpris d'apprendre que tous n'ont pas réussi l'examen malgré leurs compétences qui ne doivent pas être remise en question. Ceci nous amène à une diminution à court terme de personnel disponible pour le service des urgences qui voit son taux de patients augmenter. La boucle est bouclée.

Ce problème n'est pas inhérent à la Belgique et le poste santé n'est qu'un exemple parmi d'autres. On en revient toujours à une consolidation de l'Union européenne au travers de ses différentes politiques. Dans le cas de la Santé, les médecins français sont solidaires des médecins belges, dans le poste agriculture, les agriculteurs de tous les pays sont solidaires, etc... faire sa soupe chacun dans son pot ne fonctionne pas, ne fonctionne plus car nous sommes interdépendants. Nous ne pouvons plus nous faire concurrence, nous diviser et nous perdre chacun dans notre coin au profit de petits dictateurs nationalistes. Nous devons penser à demain, aux autres blocs, à notre bien-être, à nos enfants. L'Union européenne ne peut tolérer des pays membres avec un régime d'extrême droite ou d'extrême gauche ou tout pouvoir à l'inverse de ses convictions. L'UE ne peut tolérer en son sein des partis anti-UE qui l'insultent, qui tentent de lui nuire et des représentants qui méprisent les femmes, les pauvres, les penseurs, la liberté dans toutes ses formes d'expression, les institutions de l'union.

Magy Craft




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