Est-il judicieux d'imposer une interdiction en lynchant un groupe d'individus?

Est-il juste, est-il judicieux ou même efficace de vouloir imposer une interdiction au travers d'un lynchage d'un groupe d'individus? Ceci va à l'encontre de tout ce qu'on peut entendre à longueur de journée par tous, via tous les canaux de communication. Les pires criminels ou déviants ont droit à un confort digne d'un être humain, à ce qui leur rend la vie digne. La guerre aux obèses a été abolie alors qu'elle aussi a été pratiquée honteusement alors que ces personnes n'avaient commis aucun délit.

Cependant le lynchage et la guerre aux fumeurs n'en finit pas et va de plus en plus loin. Les raisons énoncées ne sont pas valables alors que d'autres facteurs plus dangereux sont acceptés par ceux-là mêmes qui les traitent comme des chiens mais acceptent les milliards d'euros d'accises qu'ils payent à leur place et qu'ils devront prendre en charge par la suite. On leur interdit sans raison des endroits où ils pourraient se retrouver entre eux sans gêner les non fumeurs. Une chasse aux sorcières dans un monde pollué qui n'a aucun sens si ce n'est celui de tyranniser une partie de ses semblables et souvent les plus précaires alors qu'on ouvre des centres pour les drogues dures.

Voici un extrait de "Eloge d'une société sous névroses", chapitre dans lequel au travers de l'exemple de la chasse aux fumeurs, "de la cigarette", tous les paradoxes et l'absurdité, le matraquage et l'endoctrinement des citoyens de nos sociétés sont dévoilés. On réalise alors à quel point tout se rejoint et combien le bon sens est loin.

Magy Craft

"Nous allons retrouver ici notre fidèle ami paradoxe. La majorité des individus composant la société déclarent qu’il y a des moments où le monde leur semble bien fou. Pourtant le succès des médias repose sur les goûts morbides, le voyeurisme et autres travers que possèdent ces individus et que les médias exploitent tout en refusant de l’admettre mais en prétendant au contraire répondre à la demande des individus et donc à leurs déviances, voire pathologies pour les cas les plus graves. Il semble que l’inconscience de leurs tendances va jusqu’à faire oublier aux individus qu’ils sont en interaction et qu’ils sont les rouages d’une même entité nommée société. Il y a une bien grande différence entre la motivation d’un individu et son comportement donc ce qui le pousse à faire et ce qu’il fait. On peut le démontrer au travers de quelques exemples parmi une multitude. Toujours dans la perspective de l’individu et du corps sociétal de vivre en bonne santé, libre et en paix, de multiples lois et restrictions vont être mises en place pour nuire en fait à son bien-être, son autonomie et sa quiétude. Ces contraintes et restrictions sont non seulement demandées par le corps sociétal lui-même mais vont paradoxalement se retourner contre chaque individu membre de la société selon le cas alors qu’il n’est coupable d’aucun délit selon les codes émis par la société ou suivant la volonté première des protagonistes lors de l’édiction des nouvelles lois/contraintes.

C’est complexe mais l’individu est complexe, notre société est par définition complexe. La société, ce corps composé de nombreux individus doit sa complexité aux différentes pensées, systèmes de pensées, valeurs, objectifs et référentiels qui la constituent.

Prenons un cas simple qui va vite devenir complexe car comme pour tous les cas en général, il va contenir les compulsions, l’égoïsme individuel, l’endoctrinement, le manque d’informations et ainsi de suite, le tout chapeauté par la conviction d’être dans le juste, d’être dans son bon droit et exprimé avec fierté voire orgueil.

Magistral exemple que celui de « la cigarette ». Un sujet qui traverse les années et qui embarque avec lui une aliénation progressive de différentes libertés individuelles qui finissent par ne plus avoir aucun rapport avec l’objet de départ.
Des décennies que le tabagisme, la cigarette en particulier, est le cheval de bataille, ou l’obsession, de nombreux citoyens incluant ceux membres d’organisations diverses ou membres de l’Etat, chacun pour différentes raisons et pour ses propres raisons. Tous, composants du corps sociétal, et donc en interaction, pour des motifs singuliers entraînant des répercutions sur chaque individu indépendamment de sa motivation d’origine ou n’ayant eu aucune revendication particulière.

L’Etat fait sporadiquement des campagnes contre le tabagisme, dites campagnes anti-tabac, visant la cigarette particulièrement comme déjà souligné. Rationnellement ces campagnes vont à l’encontre des intérêts de l’Etat puisque les accises (impôts indirects – taux de taxation libre) sont des revenus non négligeables pour ce dernier et qui se chiffrent en milliards d’euros. Conséquemment la diminution ou la perte totale de ce revenu au budget de l’Etat entraînerait inévitablement un déficit devant être impérativement comblé. Les citoyens imposables (donc une partie seulement des citoyens pro anti-tabac d’où  inégalité) sont-ils prêts à subir une augmentation ou le rajout d’une quelconque taxe ? Avec ou sans leur accord, avec une telle application, leur pouvoir d’achat en serait réduit, ce qui irait à l’encontre de la politique de relance économique désespérément élaborée par l’Etat et le mettrait en porte-à-faux. Les citoyens quant à eux vont s’auto-serrer la ceinture et appliquer la politique de l’inégalité tant décriée. Complexe n’est-ce pas ?
Ces campagnes onéreuses pour les citoyens sont inutiles et dangereuses. Inutiles d’abord, car mis à part des individus complétement débiles et encore, tout le monde est à même de reconnaître le danger quel qu’il soit inclus l’alcool au volant ou la vitesse immodérée. Dangereuses ensuite, car comme pour toutes les drogues ou substances ou encore produits qui font plaisir inclus café et chocolat, elles incitent l’enfant intérieur coupable et masochiste à recourir paradoxalement à ces passages à l’acte dans un but d’expiation imaginaire. C’est un encadrement personnalisé qui convient et non pas une justification pseudo moraliste à l’augmentation des prix pour remplir les caisses au détriment de personnes dépendantes et souvent parmi les plus précaires.

Pour faciliter l’adhésion de la population à la chasse aux fumeurs, l’Etat, poussé par diverses organisations centrées sur leurs seuls objectifs et point de vue, mettra en avant le coût catastrophique porté à la rubrique santé de la sécurité sociale « dû au cancer » provoqué par le tabagisme et les dépenses pour les soins. En filigrane ce qui inquiète l’Etat c’est également et particulièrement le manque à gagner au niveau des cotisations pour la retraite, vu qu’il a allègrement puisé dans la caisse des citoyens pour combler des déficits dans d’autres postes à l’époque de l’insouciance, et le manque au niveau de la productivité. En effet, morts précoces et invalidités occasionnent un manque à gagner budgétaire et économique important. Sans être cynique, l’humanitaire y est pour peu de chose. Si tel était le cas, les divers ministres de la santé et les différents gouvernements en place auraient plus de considération pour les malades souffrant de maladies orphelines, pour ceux nécessitant des soins particuliers qui ne sont toujours pas remboursés, pour ceux endurant des syndromes non reconnus comme maladies et totalement négligés, abandonnés à leur sort.

La première mesure qui sera prise comme à chaque fois sera l’augmentation des accises sur le prix des cigarettes, ce qui ne change en rien les habitudes d’un fumeur mais augmentera les recettes de l’Etat. Cette méthode appliquée de façon récurrente et ayant prouvé son inefficacité, il s’agit bien de trouver de l’argent facilement en cas de besoin au nom d’une « bonne cause » et non d’une volonté de porter sinon assistance à ceux qui fument du moins d’éviter que naissent de nouveaux adeptes. Ce n’est que justice diront certains, sans doute ceux qui préconisent des impôts spéciaux pour les fumeurs.

Ceux qui demandent des impôts supplémentaires pour les fumeurs vont en fait demander que soit établie une liste particulière de citoyens. Ils demandent que se mette en place un système de traque, de délation et de dénombrement de citoyens ayant un certain comportement. En ouvrant la porte à ce système appliqué au tabagisme, on ouvre la porte à une politique de contrôle général dans tous les domaines possibles.

L’atteinte à la liberté individuelle et la discrimination ne semblent choquer personne. Or, il y a bien une atteinte à la liberté individuelle lorsqu’on empêche un individu d’agir comme il l’entend pour autant que cela n’affecte pas autrui. Sous couvert du « sauver malgré soi » ou du « ne pas être affecté de manière passive », les citoyens névrosés et les manipulés – contaminés font émerger leur égoïsme et contradictions en allant jusqu’à interdire aux établissements qui le souhaitent d’accepter les fumeurs, de ne prévoir aucun endroit digne d’un être humain pour fumer et donc de ne gêner personne ou encore d’envisager des lois interdisant de fumer dans son propre véhicule ou domicile alors que les rues et les espaces ouverts sont déjà condamnés.

L’intrusion dans l’espace privé est franchi sur demande citoyenne. Ces mêmes citoyens qui s’offusquent des caméras de surveillance placées dans leur quartier et qui discutent sécurité versus vie privée.
Le Code pénal garantit à chacun le droit au respect de sa vie privée et familiale, sauf dans les cas et aux conditions fixés par la loi. La législation européenne va encore un peu plus loin: elle considère également le domicile et la correspondance comme privés. Aucune autorité publique ne peut dès lors s'immiscer dans ce que  vous faites dans votre vie privée, vous faites à votre, domicile, vous écrivez dans vos courriers ou courriels, vous dites au téléphone. Il y a évidemment les cas particuliers lorsque la sécurité, les bonnes mœurs, tout danger sont impliqués.

Une nouvelle démonstration que les citoyens n’ont besoin ni de l’armée ni de l’Etat ni d’un dictateur pour se priver de liberté même dans leur propre maison. Il est évident qu’une fois la ligne franchie pour le tabagisme qu’est-ce qui pourrait empêcher un principe similaire pour un autre motif ?

Ce qui compte, ce qui est important est la manière de penser, de poser un acte et d’ancrer de nouveaux principes dans la législation.

Comment peut-on de manière arbitraire empêcher des individus d’ouvrir leurs établissements aux fumeurs ? Ceux qui ne souhaitent pas être en contact avec ces derniers ont assez d’espace pour se retrouver ailleurs. De quel droit ? Au nom de quoi ? On ne peut parler de santé publique puisque ces établissements peuvent ne pas être fréquentés par les non- fumeurs. Alors de quoi s’agit-il exactement ? D’enrayer de toutes les façons possibles le tabagisme ? Ce n’est pas en traquant le fumeur et les commerçants que le problème sera résolu ni en passant outre des droits fondamentaux. On entre dans une spirale insidieuse qui se manifeste de la même façon dans d’autres contextes et c’est pourquoi cet exemple simple et complexe est intéressant.

Les citoyens en arrivent à se permettre de décider, pour des actes non criminels,  comme une police civile, ce que d’autres citoyens peuvent faire ou non et au nom de la démocratie font voter des lois par des citoyens élus qui y trouvent leur compte en acceptant certaines dérivent dont ils seront victimes eux-mêmes par la suite. Cette manière de rouler le nez sur le guidon est une habitude dont cette société a du mal à se défaire tant sa névrose est grande et la soumet à ses compulsions.

On notera également que les économies devant être faites  sur une diminution des cas de cancer liés au tabagisme seront dépensées autrement. Tout d’abord, on peut se pencher sur le coût des campagnes anti-tabac depuis des décennies, et qui si elles demeurent, semblent ne pas être efficaces sinon couteuses. On peut aussi penser aux coûts engendrés par les nombreux cas de dépression, dont on ne parle pas ou pas assez, lorsque de manière drastique les zones fumeurs ont été réduites pratiquement à néant laissant les fumeurs dans un état de manque et de stress pas seulement psychologique mais physique. Par ailleurs, des procès ont été intentés par des travailleurs contre les entreprises qui avaient appliqué la loi illico presto sans offrir un cagibi, genre bocal enfumé, comme certains l’ont fait, et qui ont dû payer les soins de ces derniers ainsi que la perte de cette fameuse productivité. Gagnantes comme toujours, les entreprises pharmaceutiques ont pu faire des gains supplémentaires en alimentant le marché avec une multitude de produits garantissant l’arrêt de la dépendance à la cigarette. On peut constater leurs effets et efficacité par l’augmentation de la consommation du tabac dans certaines catégories sociales ou catégories d’âges.
Nous saluerons en passant la création d’emplois que la nouvelle législation a entraîné avec tous les centres et thérapeutes à la clef. Tout n’est pas négatif sauf si on tient le discours de la proportion des coûts comme invoqué par les protagonistes. Curieusement, on n’entend plus comme il y a quelques années que la pilule contraceptive et la cigarette font mauvais ménage sans doute parce qu’à l’heure du SIDA le préservatif a pris le relais ou que la pilule elle-même est sujet à caution.

Autre conséquence, la prise de poids considérable lorsqu’on arrête de fumer. Cela n’a rien à voir avec le remplacement alimentaire comme on le prétend souvent même si cela est le cas pour certains. Il s’agit bien d’un fonctionnement différent de l’organisme. Mieux vaut grossir que fumer ? Là encore, intervenir dans la vie privée d’un individu est plus que discutable. Si l’individu décide de fumer sans gêner personne cela reste son droit le plus stricte. Dans une époque où on lutte contre l’obésité à grand frais, aussi, où la mode est dans l’image que l’on présente voilà un très grand paradoxe à nouveau. Et qui pense à ces malades en équilibre précaire à qui enlever la cigarette est plus négatif que positif aussi incroyable que cela puisse paraître. Le harcèlement au travers d’images hideuses sur les paquets de cigarettes n’aide en rien la diminution de la consommation, il aide seulement à donner bonne conscience à ceux qui persécutent leurs victimes tout en procédant de leur côté à des actes nocifs pour autrui et l’environnement sans se poser la moindre question.

C’est pourquoi, il est bien de coordonner ce qui relève de la vie en commun mais il est interdit de venir dans la maison de l’autre, de lui retirer sa liberté la plus fondamentale et surtout de lui interdire tout espace extérieure digne d’un être humain.

Pour en revenir aux économies et aux impôts supplémentaires pour les fumeurs, qui payent déjà les accises et des milliards à l’Etat, ce qui évite aux autres citoyens d’être frappés de certaines  taxes supplémentaires pour combler les déficits budgétaires, il est utile de souligner que seront victimes en premier lieu ceux que cette brave société prétend vouloir défendre soit ceux qui se révoltent en permanence, les individus à faibles revenus puisque c’est dans cette catégorie que le pourcentage de fumeurs est en augmentation constante. Nous revoilà plongés dans nos grands paradoxes et notre belle schizophrénie.

Tout cela ne veut pas dire que la cigarette est bonne pour la santé entendons-nous bien. Avant de continuer, il vaut mieux le rappeler. La cigarette est un sujet suffisamment « sensible » que pour être pris comme exemple. Cet exemple permet d’être remplacé par tous les sujets sensibles qui divisent les citoyens. Au travers de cet exemple, il y a toute une complexité qui se retrouve dans d’autres demandes citoyennes et qui juxtaposées les unes aux autres rendent nos sociétés incohérentes et arbitraires.

Songeons à l’argument « économies sur les soins de santé ». Nous avons déjà noté que les économies faites sur les cas de cancers (tous) supposés liés au tabagisme sont déjà en partie dépensées pour les visites chez un psychologue pour les cas de dépression et nous pouvons rajouter les frais de visites chez les médecins puisque certains produits de sevrage, pour être remboursés, doivent être prescrits par un médecin, rajoutons donc aussi les remboursements des petits pilules.
Mis à part l’augmentation du chiffre d’affaire des sociétés pharmaceutiques, on peut constater que ces produits miracles ne tiennent pas leurs promesses en tout cas pas sur un nombre suffisant de fumeurs pour justifier tous ces coûts supplémentaires portés au budget des soins de santé où on est supposé réduire les coûts « inutiles ».

On ne mentionne pas et cela est scandaleux que ces « pilules pour la santé » sont susceptibles de provoquer des risques cardio-vasculaire (ce qu’on reproche au tabac), des problèmes neuropsychiatriques, des dépressions, de l’agressivité et des crises d’épilepsie. Il est donc très paradoxal de vouloir remplacer un produit par un autre produit qui provoque les mêmes risques ou qui ajoute des risques supplémentaires. Il n’y a donc pas non plus économie au niveau des soins de santé. Une différence majeure, les citoyens non-fumeurs ou ex-fumeurs ont l’âme en paix en ayant la sensation d’avoir agi au mieux pour eux-mêmes et les autres et que l’espace public est enfin purifié.

Autre absurdité mais celle-ci est habituelle. Lors des campagnes anti-tabac, on mentionne en grand le nombre de morts par an supposé lié au tabagisme en Europe ou dans le monde. Si on se contente de l’Union européenne, nous pouvons à nouveau réaliser combien le manque de solidarité et de politique cohérente entre Etats membres est grande puisque c’est au niveau national que se règle la politique de la lutte anti-tabac et que le remboursement des soins ou des médicaments  devant aider les fumeurs à ne plus dépendre du tabac n’est pas identique dans tous les pays de l’Union, voire inexistant.

On peut se poser la question de savoir pourquoi il est si important pour les individus en société de se focaliser en permanence sur un groupe, dans ce cas-ci les fumeurs. A été évoqué la raison des coûts pour le budget de la santé, pour la productivité et leur santé personnelle si on parle du tabagisme passif qui a été introduit par la suite dans les campagnes anti-tabac. Mis à part la dernière raison, est-on certain que les citoyens considèrent ou pensent vraiment aux deux premières raisons spontanément ? Il y a comme un doute. Si on se focalise sur le tabagisme passif qui est une raison fondée, cela leur donne-t-il le droit d’interdire à un groupe de citoyens de vivre comme il l’entend chez lui (les fumeurs de fumer dans leur habitation), de demander des lois qui vont jusqu’à interdire des lieux où les fumeurs peuvent manger, boire et se réunir ? De les priver de lieux dignes et de les laisser sous la pluie et dans le froid ce que la Ligue des animaux ne permet pas pour les bêtes et les Droits de l’homme pour les prisonniers.
Dans le cas des fumeurs, les individus enfreignent  sans état d’âme des tas de droits fondamentaux mais surtout ils démontrent leur schizophrénie dans sa plus belle expression.
Tout ceci pourrait se justifier à la rigueur si la cigarette était la seule source toxique tant pour les individus que l’on veut sauver, qui coûtent cher à la société et qui nuisent passivement éventuellement aux autres, qu’à ces autres. Malheureusement, nous savons tous que ce n’est pas le cas et que la cigarette est en fait le cadet de nos soucis. C’est peut-être simplement parce que la cigarette est plus facilement à la portée des invectives de la collectivité qu’on la lui offre comme destrier afin qu’elle évite de se pencher sur d’autres questions et pourfendre.

En tant que citoyen, nous avons tous légalement les mêmes droits. Par conséquent, prenons, dans ce cas-ci les fumeurs, ces derniers pourraient aussi faire valoir une demande légitime selon leur point de vue. Il faut supposer que chaque fumeur n’aura pas la même demande, la même préoccupation. Ce n’est pas parce que ces individus ont été listés dans une même rubrique, et qu’ils partagent le tabagisme comme point commun dans cette liste, qu’ils épousent obligatoirement les mêmes idées. On en revient à la complexité des référentiels.

Ainsi, certains fumeurs pourraient se retrouver parmi le groupe des individus qui militent pour l’interdiction des voitures en ville et se retrouver face aux individus qui veulent leur interdire de fumer chez eux, de leur permettre d’avoir des lieux de rencontre « fumeurs », qui veulent leur imposer des taxes supplémentaires mais qui sont tout à fait favorables à la circulation des voitures en ville et qui ne considèrent absolument pas les particules fines comme un problème de santé publique parce que leur confort et leur intérêt personnel en seraient directement affectés. En allant plus loin, on pourrait aussi retrouver côte à côte les fumeurs et les partisans des particules fines contre des individus qui militent pour l’abandon des centrales nucléaires mais qui, eux, pour une mystérieuse raison ne considèrent pas le nucléaire comme un danger pour la santé voire pour la vie en général. Ce troisième groupe d’individus pro-nucléaire contiendrait des fumeurs et des non-fumeurs, des pro et des anti particules fines et ainsi de suite. On commence à comprendre pourquoi il y a autant de paradoxes dans la société. Et si on tient compte que ces paradoxes ne dépendent pas seulement des groupes qui composent la société mais des individus eux-mêmes qui subissent leur compulsion, le tableau est encore plus évident.

L’entropie est sans doute ce qui caractérise le mieux la société actuelle. Cette entropie est la conséquence de plusieurs facteurs issus d’un seul élément, une complexité mal comprise et donc mal gérée. Cette complexité ne peut être assimilée correctement parce que l’individu est esclave de ses compulsions et que la société est loin de sa résilience.
Or, une entropie sociale entraîne un désordre du système social qui s’il n’existe pas induit le chaos qui favorise les dictatures et les répressions imposées ou volontaires ; volontaires dans le cas où les citoyens compulsifs sont eux-mêmes demandeurs de lois censées les rassurer mais qui cumulées finissent par les emprisonner.

Les raisons qui poussent des citoyens à s’immiscer dans la vie privée d’autres citoyens en violant leur droit le plus fondamental « leur chez soi » au nom de la santé (leur santé) et d’économies sont-elles si vitales qu’elles peuvent être justifiées, acceptées et devenir des lois plus que les raisons qui provoquent la mort par la faim toutes les 6 secondes dans le monde d’un enfant soit plus de 5 millions d’enfants par an ? Sont-elles plus préoccupantes que celles qui tuent prématurément 4 personnes par jour soit plus de 2 millions de personnes par an à cause de la pollution atmosphérique dont 6% des décès par cancer du poumon (pas seulement la cigarette donc) ? Plus importantes que les 25 000 personnes au minimum qui meurent en Europe par an à cause de l’Ozone ? Des millions de personnes qui meurent par an dans le monde de la pollution aquatique ? Des milliards de celles qui ne disposent pas de sanitaires ? Des 300 millions de personnes dans le monde dont les décès sont expliqués par une mauvaise qualité de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène et cela concerne tous les citoyens du monde !

L’obsession de la cigarette est bien étrange. La lutte contre le tabagisme n’a de sens que si l’on considère tous les produits nocifs, toutes les politiques nocives et que l’on mène une bataille rangée. Seulement voilà, le névrosé prétexte toujours l’excuse, il trouve toujours une justification pour ses échecs. Il est inévitable que les citoyens trouvent une raison pour ne pas agir ou se résigner. Mais la résignation n’est pas une vertu, c’est un ennemi qui réduit toute potentialité. La société sous justifications et entropie poursuit sa route avec ses paradoxes et sa schizophrénie offrant aux démagogues devenus tyrans un troupeau de choix.

Plus un être humain est libre, au sens complet du mot, plus il attribue sa qualité de vie à lui-même. Il agit en responsable de sa vie. Plus un être humain est dépendant, plus il attribue ses difficultés de vie aux autres, au monde, à la vie.
On le constate dans la relation de la société, des citoyens avec le pouvoir. Cette société adolescente qui ne finit pas sa crise de puberté. Elle s’est affranchie des codes qui la brimaient ou lui semblaient inappropriés sans pour autant penser à les remplacer. Tout comme cet adolescent qui claque la porte avec son sac-à-dos sur les épaules mais qui ne sait pas où il dormira demain et comment il se nourrira à la long terme. Les compulsions citoyennes engendrent une relation paradoxale avec le pouvoir qui ne sait plus comment réagir efficacement. Le pouvoir en démocratie est-il contaminé par les névroses citoyennes ou est-il le névrosé opportuniste qui en joue pour sa plus grande gloire? "

« Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction interdits ».

ISBN 978-2-9601737-4-1



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