Les pyromanes de la société

A l'école on nous apprend qu'il y a bien longtemps, un jour, l'Homme apprît à maîtriser le feu. Première erreur et première pierre de confusion. L'Homme n'a jamais su et ne sait toujours pas soumettre ce bien-fait et ce démon. Il ne l'a jamais appris et n'en a pas la capacité. Il a tout au plus appris à le faire naître et à le domestiquer, à l'atténuer, le circonscrire, parfois à l'éteindre mais jamais à en être le maître. C'est à partir de cette première méprise, parmi d'autres, qu'une partie de l'humanité est devenue pyromane au sens propre comme au figuré.

Dans cette société juvénile qui a broyé tous ses repères, sans qu'on ne prête attention à lui en fournir d'autres, les pyromanes démagogues et les mégalomanes ont reçu en héritage un magnifique pâturage où faire paître un bétail docile et endoctriné par des discours brûlants et dévorants de bêtises, de haine, de repli sur soi, de vulgarité, de petitesse, de lutte de classes moyenâgeuse, de crainte, de violence, de montée du totalitarisme au nom d'un pseudo protectionnisme. Cette société juvénile qui veut son indépendance est cependant incapable de penser et de décider par elle-même avec les outils qu'elle possède ou qu'elle devrait créer et se retourne vers les girons non pas les plus positifs du passé qu'elle pourrait étoffer mais vers les doigts crochus et les dents longues des beaux parleurs dont les mots sont aussi vides que l'intérêt qu'ils prétendent attribuer à ceux qui les adulent.

Naviguent sur cette mer embrasée d'autres pyromanes, d'apprentis sorciers, qui ne se donnent pas la peine de mesurer les conséquences de leurs dires, de leurs actes. Ils s'en réfèrent probablement à leur première leçon: l'Homme maîtrise le feu. Comme nous évoluons dans une société dédiée à l'excuse plus qu'à la compréhension, nous pourrions admettre que la nouvelle génération abandonnée par leurs parents laxistes, pardon tolérants et bienveillants soutenus par les piliers d'une société chaotique et paradoxale, soient dans l'incapacité de décrypter les messages délétères qui leur sont adressés et d'évaluer les conséquences à long terme des choix qu'ils posent. Pouvons-nous être aussi indulgents à l'égard des générations précédentes fortes de leurs expériences qui inlassablement nous rappellent les dangers d'un passé dévastateur et pas si lointain. C'est pourtant issu de ces générations averties que nous dépistons les meneurs dangereux et nocifs, les suiveurs dont les actes individuels affectent l'évolution et le bien-être de la société.

On entendra s'élever dans un magnifique coeur tout en harmonie que ces pyromanes démagogues et ces mégalomanes ont existé de tout temps. On ne le niera point. Imaginer l'entièreté de l'humanité dans son ultime perfection relève de l'utopie. Cela ne veut pas dire que l'on doit être dans l'incapacité de renverser la vapeur et d'arriver enfin à ce que la déviance de certains soit canalisée et que ces derniers soient mis dans l'impossibilité de diriger un pays, une Nation, ne possèdent un quelconque pouvoir. Malheureusement, il semble acquit que malgré les protestations, les mouvements de révolte et le système démocratique (un peu mis à mal avouons-le), les citoyens aient une préférence marquée pour les despotes déguisés en pourfendeurs de la sécurité chez soi, pour les mégalomanes voulant entrer dans l'Histoire et déguisés en Robin des bois des temps modernes pendant les campagnes, pour une image plutôt que pour un fond. N'avions-nous pas constaté que la répétition est la seule véritable religion de l'humain.

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des autres pyromanes de la société, ces pyromanes satellites, qui par leurs mots ou non-dits, faits et gestes, amplifient un phénomène ou perpétuent une idée. S'ils se réfèrent au passé quand cela les arrangent, ce n'est certes pas pour en tirer les bonnes leçons comme par exemple la maîtrise des masses pour certains ou l'impact limité d'actes de groupes pour d'autres. En effet, si on pouvait contenir et contrôler quelques centaines de milliers de personnes et retourner la situation en cas de dérapage, il devient fastidieux voire impossible de le faire quand il s'agit de millions et de milliards d'individus. La mondialisation, la connexion pratiquement immédiate entre eux, la diffusion du cohérent et instructif ainsi que du lavage de cerveau et du violent à tout vent et de toutes les façons possibles même dans les coins les plus reculés du monde font qu'une fois l'incendie provoqué, il devient chimérique de l'éteindre car ses foyers sont nombreux et étalés. Chacun de nous, quelque soit notre position et notre rôle dans la société, jouons un rôle capital. La société est la somme de nos faits et gestes individuels.

Il y a feu dans la maison société- humaine quand certains membres de la famille propagent de manière continue des idéologies abscons de manière à déconsidérer une partie de la maisonnée, quand certains cachés derrière le masque de l'anonymat déversent des insanités et se croient malins de répandre leurs frustrations sur les réseaux sociaux plutôt que d'entreprendre une thérapie, quand les plus faibles ou les plus machiavéliques du foyer se servent des mésententes pour alimenter les flammes et provoquer les ruptures ou créer un état de névrose livrant le groupe à une éternelle dépendance à la peur, à la fuite, à la lassitude et au désespoir. Comme dans toutes les  familles où les êtres sont assujettis à la violence morale et physique, il est difficile de voir clair et de penser par soi-même, pire lorsqu'un membre tente de raisonner les autres et de leur faire comprendre la situation dans laquelle ils se trouvent, ces derniers se retournent contre lui car la peur des représailles les aveugle, l'attachement à ce qu'ils connaissent dépassent leur envie de sauter le pas, une sorte de fidélité les noue à celui qui les maltraite mais leur offre le gîte néanmoins.

Il existe des familles où la cohérence et le bon sens ont survécus. Il existe des familles où l'amour et la compréhension permettent un dialogue et des explications. Il existe des familles où le dénigrement et l'abaissement n'étant pas de mise, la culpabilité n'exerce aucun pouvoir pour empêcher les sanctions et éviter que l'indulgence ne soit supplantée par l'excuse. Il existe des familles assez attentives et bienveillantes pour détecter rapidement la déviance chez l'un des siens et prendre les mesures appropriées afin que la déviance reste l'exception et ne devienne pas maître en la demeure. Il y a encore des familles assez fortes et volontaires pour faire la part des choses, assez courageuses pour pensez le futur, assez aimantes pour construire le monde de leur progéniture et assez intelligentes pour donner à cette dernière les armes et la connaissance  pour le sauvegarder. Ce sont ces familles qui doivent être la composante majoritaire de notre société.

Ce sont ces familles qui doivent poser des actes réfléchis aux urnes. Ce sont ces familles qui doivent être aux commandes des informations que l'on diffuse. Ce sont ces familles qui doivent réfléchir à ce qu'elles postent sur les réseaux sociaux. Ce sont ces familles qui doivent se rassembler et devenir la vraie société pour mettre en minorité les déviants. Les déviants, qui font la Une tous les jours, par les déviants ,pour les déviants qui s'en délectent, doivent terminer leur règne.

Pensons autrement, vivons autrement, nous sommes les 49, 5% qui laissons les 50,5% faire de nos vies un enfer! Est-ce une réelle démocratie?

Magy Craft

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