Les syndicats

Si les syndicats, nés dans une époque de grands bouleversements, ont joué un rôle crucial dans l'évolution des conditions de travail des ouvriers puis des employés, ont-ils toujours le même impact aujourd'hui tant au niveau des résultats obtenus pour leurs affiliés que par rapport à l'image qu'ils projètent d'eux-mêmes dans la société?

Il est utile et nécessaire que les demandes, les revendications des travailleurs soient relayées par un seul interlocuteur au patronat. Ceci facilite la discussion et les négociations. Nous sommes tous bien d'accord. Nous sommes aussi d'accord que tous les travailleurs n'ont ni le temps, ni la possibilité ou la capacité de comprendre les tenants et aboutissants d'une situation et que les représentants de leur organisation sont censés non seulement comprendre la situation des travailleurs mais doivent aussi anticiper les effets de leurs demandes sur l'entreprise et la société.

Avec le temps, comme pour tout, tout est devenu bien compliqué. Un troisième larron est entré dans la danse, le gouvernement. On parle donc de concertation sociale; ces relations entre organisations syndicales et organisations patronales, éventuellement élargies au gouvernement. Dans les conventions collectives qui règlent les droits et devoirs de chacun, ont été inscrits en premier lieu la durée du temps de travail et les salaires.

Les négociations n'aboutissent jamais aisément. On doit toujours passer par le spectacle du combat de coqs, du bras de fer. Si par le passé, les grèves et parfois la violence avec son lot de victimes ont été un mal nécessaire pour sortir la masse salariale de la condition de quasi esclavage, de nos jours on peut sans doute parler de spectacle et cela au détriment de ceux qui y mettent leurs derniers espoirs.

Les syndicats se sont politisés. Ils ont donc fait alliance. La neutralité syndicale est un mythe. En Belgique, les syndicats suivent les partis politiques comme par exemple la FGTB ne froissera pas le PS et le soutiendra mordicus. Ces mêmes syndicats n'ont jamais été aussi enragés que depuis que nous avons un gouvernement non socialiste au pouvoir et ces derniers n'ont pas hésité à partir en grève bien avant l'établissement officiel de celui-ci. Ces syndicats manifestent contre des décisions prises par le gouvernement précédent parfois, un comble.
On ne discute donc pas du bien fondé de la politique gouvernementale actuelle ou passée mais bien d'une attitude syndicale équivoque à cet égard.

Les syndicats, comme les partis politiques, tiennent à leurs affiliés le discours qu'ils veulent entendre. Les grèves sont déclarées sur base des dires et des alertes des responsables syndicaux. On parle alors du mécontentement de la population.
Cependant, au vu des divergences d'opinion au sein même de la population, voir même du ras-le-bol vu le nombre de grèves, on peut se poser la question de savoir si une partie de la population n'est pas davantage en mesure d'analyser la situation économique et politique du pays et de s'affirmer en tant qu'anti gréviste. On leur oppose dès lors une manipulation gouvernementale, ne serait-ce pas une manipulation syndicale?

Certains responsables syndicaux, et je les respecte pour leur dévouement à leur cause, devraient néanmoins arrêter de diviser le monde en noir et blanc ou rouge et bleu (comme on voudra). La réalité est plus nuancée. On ne peut pas, on ne peut plus se satisfaire de dogmes et chansons, il faut apprendre l'économie au niveau national et international et surtout changer de mentalité quant à l'opposition de deux groupes qui devraient se haïr alors qu'ils ont tout intérêt à coopérer. Ce signal, ce sont eux aussi qui peuvent le donner à leurs affiliés. Auraient-ils peur de perdre leur raison d'être? C'est surtout qu'en Belgique parmi les trois syndicats, le plus virulent est la FGTB. Les statuts de la FGTB se réfèrent à la Charte de Quaregnon. La FGBT vise donc la lutte des classes.
La CSC, la soeurette qui est souvent associée aux grèves aux côtés de la FGTB, serait opposé à la lutte des classes: mais aurait comme visée la participation des travailleurs à la gestion de l’entreprise sans l’abolition du pouvoir de décision du capital.

S'il est vrai que les multinationales et leurs actionnaires naviguent dans des nébuleuses hors de notre portée, il est regrettable que leurs victimes, comme trophée à exhiber, soient les chefs des petites et moyennes entreprises à qui on se permet de dicter la manière de gérer leurs affaires. Ces indépendants ont pris des risques, ont investi leur argent ou ont contracté des dettes, travaillent de longues heures et ont souvent suivi des cours de stratégies ou de business. Les syndicats et les travailleurs, avec tout le respect qu'on leur porte, ne peuvent prétendre s'immiscer dans la gestion et l'évolution de l'entreprise. Si les décisions prises sont mauvaises, les travailleurs perdront leur emploi avec les aides que notre société a mises  en place, les patrons indépendants des entreprises n'auront que leurs yeux pour pleurer.
Tout en critiquant le gouvernement qui selon eux ne "s'attaque" qu'aux plus faibles, car les plus accessibles" pour remplir ses caisses, les syndicats agissent de même vis-à-vis du patronat dans son ordre de grandeur. Personne n'est innocent. Il y a une grande hypocrisie de la part des syndicats car de par leur aveuglement et dogme, c'est bien la classe moyenne et "aisée" qui ont tout perdu ces huit dernières années pour remplir ces fameuses caisses qui servent à payer le chômage, les soins et les pré-pensions, les pensions et les plans de licenciements sans rien recevoir en contre partie.
Car rappelons que les grèves coûtent énormément d'argent et qu'en pleine crise économique elles pénalisent la relance.
On notera aussi que les plus faibles comme les femmes, surtout célibataires avec enfant(s) et les malades sont les grands oubliés des syndicats.
Dès lors, la question de savoir si les syndicats sont responsables des deux morts lors des dernières grèves pour avoir bloqué les routes (question qui semble tarauder les médias), la réponse est dans l'attitude de ces derniers. Les syndicats ne maîtrisent plus leurs troupes. Quand on secoue trop le cocotier, les noix finissent par tomber.

On en revient toujours au même, c'est notre mentalité qu'il faut modifier et par là notre système social et économique. Nous évoluons dans une sphère qui n'est non seulement plus adaptée à nos besoins mais qui surtout n'est plus adéquate pour notre avenir.

Magy











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