Ils ont osé !

Comment passe-t-on de l'inacceptable hier à la banalisation aujourd'hui et en se réveillant dans l'horreur demain? En utilisant un même mécanisme vieux comme le monde mais qui néanmoins fonctionne toujours: le conditionnement par ce qui plait. Le tout est ensuite entériné par certains acteurs de la société influents (politiquement ou par leur audience) qui à force d'analyses ou de volonté à vouloir discuter d'un même sujet durant des heures sur une longue période finissent par d'une part perdre le fil de la réalité et de l'importance du sujet qu'ils traitent et d'autre part à marteler des erreurs de jugement qu'ils se feront un plaisir de décortiquer plus tard en collant la responsabilité d'un désastre ou l'autre sur le dos d'un bouc émissaire sans se souvenir que nous sommes tous en interaction et que chacun de nous a sa part de responsabilité dans les évènements que subit une société.

Votre Magy n'a certainement pas été la seule à avoir le coeur retourné d'avoir entendu un politologue et certains journalistes s'enhardir à prétendre que le Front National ainsi que le parti "Partij voor de Vrijheid" de Geert Wilders aux Pays-Bas ne sont pas des partis d'extrême droite.

Nous supposons donc qu'ils pensent de même pour le Reichsbürgerbewegung (Mouvement de citoyens du Reich) ou PEGIDA en Allemagne, FPÖ Le parti de la liberté d'Autriche, Le Vlaams Belang en Belgique, Les patriotes Unis en Bulgarie, Le Front populaire national à Chypre, L'Alliance démocratique croate de Slavonie et Baranya en Croatie, Dansk Folkeparti au Danemark, Démocratie nationale et Mouvement social républicain en Espagne, Parti de l'indépendance estonienne, Vrais Finlandais en Finlande, Aube dorée et Grecs indépendants en Grèce, MIEP Parti de la justice et de la vie hongroise, Jobbik, HVIM en Hongrie, Mouvement social -  Flamme tricolore (AEMN), Forza Nuova, Frères d'Italie - Alliance nationale en Italie, L'Union nationale lituanienne, Le parti du progrès (FrP) en Norvège, PiS en Pologne, Le parti national rénovateur (membre de l'AEMN) au Portugal, Noua dreapta en Roumanie, Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni et Europe de la liberté et de la démocratie directe (co présidé en 2014 par Nigel Farrage celui même qui a menti pour faire voter le Brexit) au Royaume-Uni, Parti libéral-démocrate en Russie, Parti radical serbe en Serbie, Alliance pour la paix et la liberté en Slovaquie, Parti national slovène (SNS) en Slovénie, Les démocrates de Suède et Mouvement de résistance nordique en Suède, Alliance pour la Pix et la liberté, Liberté et démocratie directe (proche du FN français) en Tchéquie, Notre Ukraine - auto défense populaire et Svoboda qui fait partie de l'AEMN en Ukraine.

"La répétition est la seule religion de l'homme". MC

Cette citation s'applique si bien au cas présent. Si dans certains pays de l'Europe les partis d'extrême droite récoltent un pourcentage de voix n'affolant personne lors des élections, dans d'autres ces partis sont parvenu à gouverner en coalition ou à gouverner tout court. Le nombre de voix récolté leur a aussi permis d'avoir des sièges aux assemblées ou au Parlement européen (on se demande même ce qu'ils y font !). Si on arrête de regarder par le trou de la serrure et qu'on s'avise de regarder l'image dans sa globalité, on pourrait facilement se rendre compte qu'en dehors du fait que tous leurs représentants se rencontrent régulièrement, ces partis se rattachent l'un à l'autre hors de leurs frontières respectives malgré leur slogan de chacun chez soi et de anti Union européenne. Ils ont leur propre vision de l'Europe qu'ils souhaitent. On constate aussi que tous arborent des noms "alléchants" comprenant démocratie, rénovateur, populaire, mouvement social, liberté et on passe la suite. En allant plus profondément, on voit aussi que ces partis gardent comme socle la même idéologie mais que le déguisement varie selon les époques et le climat électoral. S'il le climat est propice à l' insécurité alors on jouera sur vos peurs, si le temps est à la perte d'emploi alors on vous fera haïr votre voisin, si on ne sait pas quoi proposer alors on mentira et on salira l'adversaire. Le code est toujours le même, les pigeons aussi. L'autre n'a jamais que le pouvoir qu'on lui donne alors à qui incombe la responsabilité du choix de la société dans laquelle nous vivons, nous vivrons? Sans prise de conscience du mécanisme à moyen ou long terme nous revivrons ce que nous commémorons et ce que par ailleurs certains de nos compatriotes de notre famille européenne vivent déjà. La toile se resserre.

Comment sommes-nous responsables et comment glissons-nous dans l'inacceptable? Comment laissons-nous une partie de nos concitoyens nous emporter dans le chaos? Nous allons faire le parallèle avec quelques points de la montée et de l'installation du radicalisme islamique. C'est comparer des pommes et des poires? Pas du tout car c'est bien le mécanisme de notre pensée et de nos actions, quel que que soit le thème, qui est identique. C'est bien notre réaction au mécanisme qui permet ou ne permet pas au danger de s'immiscer dans nos vie ou pas.

Retournons quelques années en arrières et souvenons-nous des premiers cris d'alarme concernant le radicalisme islamique. Sans reprendre tout ce que votre Magy a déjà écrit, on se rappellera toutefois la levée de boucliers des musulmans qui pour un tas de raisons (justifiées ou pas) se sont sentis visés, soutenus par des politiques en mal d'électeurs, des médias et des citoyens mal informés ou obtus. On a pendant des mois et des années discuté et débattu de sujets qui ne concernaient en rien le groupe Etat islamique. On regardait aussi par le trou de la serrure et on ne voyait que des racistes, des islamophobes, des jeunes mal dans leur peau, une mauvaise politique d'intégration, etc.... On a refusé de voir et surtout d'admettre qu'il y avait des membres actifs dans nos partis politiques, dans nos communes. Il n'était pas possible de toucher aux imams perturbateurs. On a permis la modification de textes de loi et de noms de fêtes. On a refusé de trancher jusqu'au jour ....

Ce comportement nocif a conduit à un ras-le-bol général favorisant la venue d'une extrême droite tapie qui n'attendait que le bon moment pour égrener un à un tous les manquements des politiques en place et cueillir ces âmes sans emploi ou risquant de le perdre, sursautant au moindre bruit rappelant une bombe, attisant une colère et des rancoeurs afin d'espérer le pouvoir.

Une partie de nos concitoyens sont par nature attirés par ce discours, par une vision apocalyptique et sectaire. C'est comme ça. Puis, il y a les autres. Et c'est là que le bât blesse. Comme pour la montée et l'endoctrinement au radicalisme islamique, nous trouvons actuellement sur notre chemin des citoyens, des politiques, des journalistes, des experts qui chacun pour leurs raisons spécifiques ne veulent pas faire d' "amalgame". Il y a les "mauvais" et les "bons" du Front national ou de l'extrême droite en général. C'est vrai que vu sous cet angle le meilleur est à venir pour l'ensemble de la société, de l'Union européenne, de l'Europe, du monde. Encore une fois, nous sommes tous en interaction qu'on le veuille ou non.

Donc, ces citoyens "comme les autres" qui sont en "colère" ont le droit de mettre au pouvoir un gouvernement ayant une politique que nous "commémorons pour les morts qu'elle a produits ainsi que la misère" puisqu'elle n'est pas "d'extrême droite". C'est bien cela qu'il faut comprendre? Il faut surtout comprendre que ces partis, où qu'ils soient implantés en Europe ou dans le monde, quand on regarde leur façon d'agir pour ne pas dire évolution n'ont pas d'éthique. Leur socle, leur idéologie reste fondamentalement la même; seul ce qu'ils présentent à un moment précis est différent car ils sont opportunistes et l'important est de rester dans le jeu. Ils vont donc changer de nom, se dissoudre et se refondre, s'allier à un parti au gouvernement, atténuer ou modifier leur programme, etc.... Le but ultime est la prise de pouvoir quelle que soit la méthode et peu importe le temps que cela prend. La dangerosité et leur force par rapport aux partis démocratiques sont le lien qu'ils maintiennent entre eux partout en Europe et dans le monde. Peu importe ce qu'ils proposent dans un pays spécifique, la finalité sera la même une fois la cible atteinte. C'est bien l'ensemble du tableau qu'il faut regarder et non pas pays par pays. Nous avons commis cette erreur avec l'islam radical pendant plus de trente ans, devons-nous faire de même avec l'extrême droite jusqu'à ce que l'irrémédiable se produise? Après moi les mouches?

En France, en ce moment, on se focalise sur "les deux France". C'est exactement le jeu du FN. Ahurissant est cet acharnement à signifier à E. Macron qu'il ne s'adresse pas au peuple, que seule Marine Le Pen est la prêtresse des ouvriers, des chômeurs et des pauvres. On peut se demander pourquoi on n'exige pas de Marine Le Pen qu'elle s'adresse aux soi-disant "bobos" de Macron et qu'elle aussi descende dans l'arène. Ensuite on ne comprend pas très bien le glissement qui commence à se faire dans les commentaires concernant les mots "peuple" et "oligarchie". D'après les dernières versions, suite à de nombreuses écoutes sur différents canaux, nous concluons que "peuple" ne concerne pas l'ensemble des citoyens-électeurs français mais seulement les citoyens qui voteront Marine Le Pen donc les ouvriers, les chômeurs et ceux de la périphérie et que "l'oligarchie" ne concerne plus une caste dominante mais les citoyens qui voteront pour E. Macron et ceux qui habitent dans les grandes villes. Vous êtes sérieux? Quelle est cette malice à dénigrer ceux qui ont étudié alors que tous se plaignent de la mauvaise qualité de l'enseignement, pourquoi mépriser ceux qui ont du travail et une certaine qualité de vie et qui donc assurent l'entre-aide sociale alors que tous se plaignent des pensions et des allocations de chômage trop basses? C'est quoi cette volonté de diviser les citoyens dans de tels commentaires tout en exigeant qu'un autre fasse des miracles? A force de vouloir mettre des gants et du politiquement correct là où d'autres ne le font pas, on laisse de pauvres citoyens se laisser embarquer dans des chimères qui les mèneront à un plus grand désespoir mais nous aussi. Ce fut le cas pour les musulmans qui se sont réveillés groggy quand l'un de leurs enfants est parti en Syrie ou ailleurs et pour les bons samaritains obtus qui ont aussi perdu un enfant aux mains des radicaux et qui nous ont fait perdre du temps dans notre préparation et prévention à la guerre contre l'Etat islamique.

Les citoyens sont étranges. Ils veulent la vérité mais votent pour ceux qui mentent le mieux et promettent n'importe quoi pour le leur reprocher juste après l'élection. Seulement dans certains cas, il y a des gouvernements dont on ne se débarrasse pas facilement.

Terminons par un vibrant hommage aux journalistes des pays où la démocratie est moribonde ou morte et qui se battent pour nous alerter, qui meurent pour que nous comprenions, qui ont tout sacrifié pour que nous ne tombions plus dans le piège. Seuls les journalistes qui méritent ce titre dans nos pays ont le droit de citer leur noms, leur mort ou leur incarcération. Les autres ne font que cracher sur leurs tombes.

Magy Craft



Plus d'informations sur la montée du radicalisme islamiste et sur les mécanismes des réactions sociétales, l'endoctrinement dans "Quand la terre tourne carré" et "Racisme - une idéologie de l'absurde". Disponibles sur THEBOOK.EDITION

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Tout est relatif, le danger comme les psychoses.

L'Union européenne et ses Etats membres. Les EM, leurs partis politiques et leurs citoyens.

Ce cynisme social exprimé au travers de la moquerie, du sarcasme.