L'entraide dans l'envie individualiste

Nous aimons patauger dans la gadoue et même nous y embourber. Enfant, à une certaine époque pourtant, on nous défendait de nous enliser dans les eaux troubles. Aujourd'hui et depuis quelques années, il est de bon ton de laisser les bambins sauter à pieds joints dans toutes les flaques, sales ou pas, au nom du bien être psychique. De la crèche jusqu'à la majorité légale, tout est permis voire encouragé. Cette méthode du "bien-être mental" est si efficace que nous sommes écroulés sous les livres, les émissions et les témoignages nous relatant toutes les formes de harcèlement à l'école, tous les troubles émotionnels et comportementaux de notre jeunesse, les crises identitaires qui poussent ces futurs adultes dans des groupes malsains ou des bandes armées. Nous devons faire face à une diminution constante des performances intellectuelles et pratiques et nous voyons fleurir sur le marché de l'emploi de moins en moins de diplômés sachant ne fut-ce qu'écrire ou parler correctement.

N'oublions pas que nous sommes descendus par paliers, sans presque nous en rendre compte, de la philosophie ou de la politique de la compréhension à celle de l'excuse. Cette différence majeure est à l'origine du bourbier dans lequel nous nous sommes enlisés et duquel il semble bien difficile de s'extraire. Nos paradoxes, nos névroses, notre schizophrénie et la politique de la division pour régner n'y sont pas étrangers. Il manque cruellement d'ordre et de ligne conductrice dans tout ce fatras. Pour l'instant, chacun y va comme bon lui semble et dans son propre intérêt du moment, sans songer à demain ou tout simplement que demain il fera partie du groupe régi par la partie adverse tout aussi égoïste et sans vision globale. Les perdants dans tout cela? Les enfants de chacun et dans l'ensemble la société future.
Les enfants d'aujourd'hui sont-ils plus stupides que les enfants d'hier? Il semble que ce soit ce qui est décidé actuellement. Peut-être prend-on en considération tous les polluants qui nous tuent à petit feu et les aliments contaminés qui perturbent l'organisme et le cerveau? Nous ne voyons pas d'autres raisons qui pourraient pousser les parents aimants, les enseignants motivés, les experts et thérapeutes en tous genres à privilégier un enseignement qui empêche les élèves qui atteignent les objectifs à se mettre à l'arrêt pour attendre ceux qui peinent au nom d'une pseudo solidarité ou égalité de traitement. Egalité à quel niveau? Ne serait-il pas plus judicieux de prendre ces élèves à part et de les aider? Ce que l'on entend trop souvent pour justifier ce phénomène est le manque de disponibilité des parents après les heures d'école ou encore leur propre niveau de connaissances. Je dirais "bêtement" qu'il en a toujours été ainsi. Par ailleurs, si on empêche les enfants de progresser pour cette raison, on ne fait que poursuivre cet état de fait et du reste, nous le constatons déjà. On recommence les alertes analphabétisme. Ne gâchons pas notre plaisir en omettant la sempiternelle raison de budget.

Il y a aussi et toujours et sans doute surtout, en filigrane, cette raison inavouée et obscure de la jalousie. Tout dépend de quel côté de la barrière on se trouve. Si on a un enfant performant, on crie au scandale de le voir se tourner les pouces en attendant que les autres arrivent. Si on a un enfant qui peine et que l'on se trouve dans une situation précaire, on va tout faire pour arrêter ces "sales gosses de riches", vrai ou pas. Tous les enfants intelligents ou moyens ne sont pas issus de familles riches ou aisées. Mais peu importe, si pas moi ou les miens, alors ce ne sera personne! Mais, si on gagne au loto ou si on fait un héritage inespéré....alors le langage changera radicalement et sans vergogne on fera exactement comme ceux que l'on a tant décrié prétextant "qu'on l'a bien mérité après tout". Il en est ainsi des Républiques ou les présidents jouent aux monarques et usent des mêmes privilèges ainsi que dans les systèmes communistes. Le même phénomène se répète lorsqu'on s'ingénie à développer une société où tout le monde devient un assisté sans aucune possibilité de prendre le large à moins d'avoir le pouvoir ou l'argent ou les deux et qu'en même temps on s'acharne sur les indépendants et les consortiums tout en espérant se dorer la pilule au soleil. Un asile psychiatrique, oui vraiment.

Revenons à nos enfants. Nous avons donc décidé de ne pas les traumatiser. Il ne faut donc rien leur interdire durant leur petite enfance et encore moins les gronder sous peine d'être considéré comme tortionnaire ou d'être soumis à une amende voire être mis en prison dans nos chers pays nordiques si souvent cités en exemple. A l'école, il ne faut pas leur donner de devoirs ou de leçons car cela est mauvais pour leur santé mentale. En classe, il ne faut pas privilégier les qualités intellectuelles des petits camarades car cela entraîne un complexe d'infériorité pour les autres. Dans les groupes, il est interdit de punir la violence, les injures ou les mises à l'écart car le dialogue et la prise de conscience sont primordiales. Ne soulevons même pas le cas de l'exclusion, les manifestations sont à la porte. Les parents bien attentionnés ne remettent absolument pas l'autorité des enseignants en péril, ils veillent simplement que justice soit faite et que leur décisions prennent le pas sur celles du corps professoral.

Parallèlement, des études pullulent et on nous casse la tête avec des émissions montrant des parents débordés ne sachant plus quoi faire de leur marmaille. Les parents souffrent et les enfants mal encadrés sont perdus. Ces mêmes enfants n'ayant plus d'obligations scolaires à remplir oublient la discipline et la gestion du temps. Ils s'adonnent à des activités stupides ou s'abreuvent d'émissions sans queue ni tête. Pas de panique, les enquêtes, les statistiques et les experts suivront. Parents, enseignants, experts et ministres de l'enseignement vont partir en guerre contre le harcèlement à l'école. Il est évident que c'est l'enfant de l'autre qui a un problème. Il est évident aussi que ce n'est ni le fait de déléguer toute l'éducation de nos enfants à l'école qui est conflictuelle ni le fait que dans le même temps les dits parents réagissent contre les mesures prises à l'égard de leurs enfants que ce soit au niveau disciplinaire ou scolaire. Il y a de quoi y perdre son latin, de toute manière le latin est perdu. Plus tard, avec la politique de la compréhension devenue politique de l'excuse, tous les crimes et délits trouveront une justification qu'il serait dès lors difficile de sanctionner. Personne ne sera surpris d'apprendre que l'on manifeste contre le laxisme de la Justice et la légèreté des peines.

Il serait vraiment judicieux de faire un tableau de deux colonnes et d'y mettre tous les paradoxes par thème. Cela nous permettrait d'agir avec plus de cohérence, d'avoir une ligne de conduite moins chaotique et une société plus équilibrée. Il faudrait aussi que ceux qui ont pour charge de représenter un groupe de citoyens selon leurs idées, le fasse de manière globale et logique et non pas déstructurée pour faire plaisir à tout le monde afin de garder des voix ou le pouvoir. Si la politique est un métier, elle est avant tout une vocation. Les citoyens devraient aussi réfléchir à la cohérence de leurs actes et de leurs demandes. On ne peut exiger tout et son contraire.

Magy Craft







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